Contexte et enjeux
La recherche sur le numérique dans le monde de l’Éducation est en plein foisonnement comme le montre notamment les appels à projet récents (ex. e-FRAN) financé par les Investissements d’Avenir. De nouvelles modalités d’interaction sont aujourd’hui expérimentées pour l’éducation et la formation : dispositifs mobiles ou pervasifs, interfaces tactiles ou tangibles, dispositifs immersifs et jeux numériques… Ces nouvelles modalités d’interaction constituent autant d’opportunités susceptibles de renouveler la manière d’enseigner et d’apprendre. Elles soulèvent également des défis du point de vue de la conception des dispositifs dédiés et des analyses à conduire pour en mesurer les effets. Ces questions sont actuellement abordées par des chercheurs en IHM de manière isolée. Par ailleurs, la communauté de recherche en Environnements Informatiques pour l’Apprentissage Humain (EIAH) traite les questions de la conception et de l’évaluation de ces environnements et de leurs usages depuis de nombreuses années, sans bénéficier directement de l’expertise des chercheurs en IHM.
Les recherches en Interaction Homme-Machine (IHM) appliquées à l’Éducation sont de plus en plus présentes, par exemple lors de la conférence IHM. Le succès de l’atelier « Interaction Homme-Machine pour l’éducation et la formation » proposé durant la dernière conférence (IHM’16) à Fribourg en Suisse montre l’importance de cette thématique et a su fédérer des chercheurs de différentes communautés. Or, actuellement il n’existe pas de Groupe de Travail (GT) mobilisant les chercheur(e)s en Informatique et Sciences Humaines et Sociales (SHS) dont les travaux, dans le domaine de l’ingénierie et/ou de la recherche, portent sur l’éducation et la formation. La création d’une véritable communauté de recherche trans-communauté et transdisciplinaire semble aujourd’hui nécessaire afin de fédérer les chercheurs autour d’enjeux communs.
Thématiques et objectifs scientifiques
Lors de l’atelier « Interaction Homme-Machine pour l’éducation et la formation » qui a eu lieu en octobre 2016, plusieurs thématiques de travail communes ont été identifiées. Nous les explicitons ci-après.
Méthodologie de traçage. L’observation des effets des dispositifs dédiés à l’éducation et la formation nécessite la collecte et l’analyse des traces d’interaction entre l’apprenant et l’outil informatique. Ces données peuvent être collectées automatiquement par le système informatique et enrichies par des données auto-rapportées sous la forme de questionnaires, d’entretiens ou autres. La mise en place du traçage et l’analyse des données collectées soulèvent de nombreuses problématiques en lien avec les effets à observer, telles que le choix d’un cadre théorique pour l’identification des données à collecter, la mise en place du traçage de manière adapté au contexte et les objectifs de l’étude, ou encore l’agrégation des données hétérogènes collectées.
Méthodologie de co-conception. Les apprenants et enseignants font aujourd’hui partie du processus de conception afin de concevoir des dispositifs au plus près de leurs besoins et usages. La co-conception peut par exemple s’appuyer sur l’usage de cartes de conception, afin de susciter la créativité chez les acteurs impliqués. D’autres méthodes et outils de co-conception sont à imaginer afin de proposer des dispositifs à la fois innovants et adaptés aux usages des enseignants et apprenants. Le GT pourrait adresser les enjeux de la proposition d’un vocabulaire commun entre les différentes parties prenantes, proposer de nouveaux supports de créativité et de design thinking, etc.
Méthodes d’évaluation. L’évaluation des dispositifs d’apprentissage peut concerner aussi bien l’utilisabilité, l’utilité que l’acceptabilité par les utilisateurs finaux. Ces différents critères peuvent être mesurés par des méthodes quantitatives et qualitatives, tels que des questionnaires, entretiens ou analyse de traces d’interaction. De plus, les effets de ces dispositifs ne concernent pas uniquement la performance en termes d’apprentissage, mais également l’engagement avec le dispositif proposé ou la motivation des apprenants. Le choix des méthodes, leur combinaison, ou la proposition de nouvelles méthodes en fonction de l’effet à mesurer et du contexte expérimental sont autant de points à aborder dans le GT.
Les premiers objectifs scientifiques que se fixe le GT sont :
- Donner une visibilité aux travaux en éducation et formation au niveau des membres du GT « IHM & Education » en listant, par exemple, les différentes conférences, séminaires, travaux, invitations, etc.
- Etablir un référentiel commun, notamment au niveau du vocabulaire utilisé.
- Mettre en place au moins une rencontre annuelle du GT « IHM & Education », par exemple lors de la conférence EIAH ou IHM.
- Avancer sur des thématiques de recherche communes.
- Produire des publications communes sur les thématiques identifiées ci-dessus.